12 janv. 2018

Chronique : Gallica t1, Le Louvetier

Gallica, t1
Le Louvetier
Henri Loevenbruck


Editions Bragelonne
350 pages


L’histoire :

Dans un monde ressemblant fortement à notre France médiévale, Bohem est fils de louvetier. Profession noble puisqu’elle débarrasse les hommes de ces créatures craintes : les Brumes. Vouivres, Loups et autres Chimères sont réputés pour leur férocité et primes, honneur et gloire attendent ceux qui les exterminent. Mais un soir d’été, le garçon sauve l’une d’elles des flammes de la Saint-Jean, s’attirant l’opprobre du village. Quatre ans plus tard, des soldats viennent à sa recherche, brûlant et pillant les lieux qui l’ont vu grandir et tuant sa famille. Commence pour le jeune homme une fuite dans tout le pays, une poursuite acharnée où ennemis et alliés se confrontent tandis qu’un conflit politique prend de l’ampleur.

Mon avis :

J’ai découvert ce livre il y a fort longtemps, sur les étagères de la médiathèque que je fréquentais assidûment au lycée. Mais à part sa couverture kraft et son titre, je n’en avais gardé aucun souvenir et me suis donc plongée dedans en lectrice avide de découvrir un nouvel univers.
Celui-ci ne m’a pas déçue !
J’ai été ravie des multiples références historiques et culturelles faites au patrimoine médiéval européen et particulièrement français. Poètes, troubadours, figures politiques, femmes cultivées et indépendantes, ordres religieux, autant de souvenirs de mes cours de littérature médiévale qui m’ont enchantés ! Sans compter tout ce qui a trait aux légendes de Brocéliande, au folklore celte, c’est-à-dire à une figure que vous connaissez sans doute : Merlin. Personnage énigmatique qui n’est pas extrêmement développé dans ce premier tome mais semble prometteur.

En parlant de personnages, laissez-moi vous en toucher un mot. Le héros semble assez classique : un jeune garçon dépassé par les évènements qui se laisse longtemps porter avant de se prendre en main, de tomber amoureux et d’enfin réussir à se sortir les mains des poches. Mais ce petit cliché ne m’a pas dérangée (en fait, les clichés ne me dérangent pas souvent), au contraire, il permet de passer rapidement sur les aspects de Bohem qui sont évidents et de se concentrer sur ce qui en fait un garçon à part. Son grand cœur et son esprit vif sont les deux traits de caractères que je retiendrai, et qui permettent de s’attacher voire de s’identifier à sa personnalité. De nombreux personnages viennent rejoindre son histoire et son globalement rattachés à de grands groupes : les troubadours, les Compagnons, la Milice du Christ (version revisitée de l’Inquisition avec tout ce qu’elle a de détestable), les hommes d’armes en fonction de leur allégeance. Pour ce qui est des Compagnons du Devoir, leur guilde semble vraisemblable et fouillée. Je n’ai cependant pas accroché à la place prédominante qui leur est confiée et me suis lassée de les retrouver aussi souvent, d’autant plus que si la guilde est extrêmement bien contruite, ses représentants sont somme toute assez plats et manquent pour la plupart de relief. Mais ce groupe présente des personnages attachants et positifs, curieux et entreprenants qui sont un rayon de soleil par rapport aux autres. Ainsi, ce qui m’a fortement déplu dans la représentation de la Milice du Christ est cet aspect machiavélique presque caricatural. Ce sont tous des grands méchants, ou des faibles de caractères soumis aux grands méchants, dont le seul but est le pouvoir et le contrôle. Il y avait pour moi une opportunité de sortir du cliché de l’Inquisiteur acharné à brûler les hérétiques qui n’a pas été saisie. De même, les hommes d’Eglise membres d’ordres religieux ne sont que des hommes politiques jouant pour le pouvoir. Dans un univers où les croyances ont une telle importance, j’ai trouvé dommage que seuls les chrétiens n’aient pas de représentant vraiment croyant.

Différents lieux sont aussi mis en avant, des villes dont le nom est une référence, ainsi Lutès, la capitale de Gallica, ou le duché de Breizh. Tous s’organisent dans un système politique féodal : le roi est à la tête, mais il doit convaincre les seigneurs de lui prêter main forte, ceux-ci étant la seule autorité sur leurs terres. Ce principe permet d’ajouter de la complexité et de la profondeur aux différentes intrigues et empêche toute forme de manichéisme. On ne sait jamais trop qui est censé être gentil et qui est censé être méchant ; chacun défend ses intérêts et tous sont compréhensibles. Au final, c’est à nous lecteurs de choisir un camp, et il faut bien dire que cette liberté est savoureuse !
L’ensemble du récit est porté par un style simple, par de beaux mots efficaces et bien employés. La plume de l’auteur ne m’a pas marquée plus que cela, mais j’ai dévoré ce roman sans être gênée à aucun moment.

En bref, c’est un premier tome de très bonne fantasy jeunesse, dont il maitrise parfaitement les différents codes. J’ai adoré suivre Bohem et ai hâte de me plonger dans la suite de ses aventures – les dernières pages m’ont laissée sur ma faim !

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