Chronique : Le Livre du Destin

Le Livre du Destin

T1 Les Prétendants

Marion Roudaut

L’Attelage
955 p


L’histoire :

Morgane est bretonne, lycéenne, en voyage scolaire. Après avoir entendu une voix étrange dans sa tête, qui lui dit être Merlin l’enchanteur, elle se retrouve propulsée via Stonehenge dans un monde étrange, peuplé d’Elfes, de Centaures, de Nains et autres Dryades... où les humains aux oreilles rondes sont des créatures légendaires et imaginaires ! Sans trop savoir comment, elle se voit mêlée à une quête impliquant un dragon et des licornes et dont le but est d’équilibrer le Bien et le Mal.

Mon avis :

Sans passer par quatre chemins, j’ai énormément aimé. Le Livre du Destin a d’abord été publié chapitre par chapitre, à un rythme mensuel, sur le site de l’Attelage, où il est disponible gratuitement à l’heure actuelle (je vous laisse les liens en bas de l’article, ne vous en faites pas). La version papier n’existe que depuis le printemps 2017 et c’est sur ce support que j’ai découvert le monde d’Illion et les aventures de Morgane. 

Cette saga est destiné à un public plus jeune que moi, adolescent – jeunesse, et cela se ressent dans le style d’écriture et la caractérisation des personnages. La plume de Marion Roudaut (prononcer le T) est simple, fluide, agréable. Elle abuse un petit peu des adjectifs, mais l’amour des descriptions qui sommeille en moi en est ravi ! Les dialogues sont très authentiques et chaque personnage a une manière propre de s’exprimer, qui participe à leur complexité, mais surtout leur donne ce côté impulsif et vivant. On perd un peu en profondeur, mais on gagne en humanité.

Mais cette écriture qui se veut complice du lecteur a aussi des défauts, et l’un d’entre eux m’a franchement gênée dans ma lecture. L’auteur use et surtout abuse de références diverses et variées. Autant un clin d’œil à Harry Potter, Disney ou à un quelconque blockbuster américain peut être un régal s’il est amené de manière subtile et pertinente, autant les huit répliques de Kaamelott me sont passées loin au-dessus de la tête. D’abord parce que je ne suis absolument pas cette série, ensuite parce que sans la référence, l’intégralité de la blague est incompréhensible. Plus loin dans le récit, d’autres allusions m’ont même fait perdre le fil de l’histoire – pourtant ô combien prenante ! – et perturbée au point de devoir retourner en arrière dans ma lecture afin de bien comprendre ce dont il était question.

Ce dont il est question, c’est un monde merveilleux, empli de créatures magiques plus farfelues les unes que les autres. En effet, l’auteur pose comme postulat que tous les êtres féériques que nous allons rencontrer nous sont déjà familiers, car ils sont les origines des mythes et légendes que nous connaissons. Cependant, on se laisse surprendre par les caractéristiques que ces personnages présentent et qui sont pour le moins inhabituelles. Maitrise des éléments, hybrides aux doubles pouvoirs, tout se place avec fluidité et logique, les règles de l’univers sont claires et faciles à comprendre. J’ai été frappée – avec du recul – par l’absence de raccourcis faciles : dans le Livre du Destin, tout a une explication simple et terriblement efficace. Bien sûr, il reste suffisamment de mystères dans l’intrigue pour qu’on ait hâte de lire la suite, mais au niveau de la cohérence, Marion Roudaut fait assez fort. Le décor étant solidement planté, l’intrigue se déroule sans heurt, nous emporte rapidement et les pages se tournent à une vitesse folle. Quelques scènes relèvent de la présentation voire de la description des lois qui régissent Illion, mais on se laisse porter par une plume fine et habile jusqu’à la prochaine action. Les dénouements de la première et de la deuxième partie m’ont laissée hors d’haleine, le cerveau en ébullition et le souffle coupé par la surprise. Clairement, on est loin des schémas narratifs classiques, et ça fait du bien !

Les personnages sont juste assez développés pour un public jeunesse (oui, oui, je sous-entends ici que c’était un peu faible pour moi) et attachants au possible. Certains sont plus hauts en couleur que d’autre... ce qui me donne l’occasion de m’approprier un des personnages « secondaires » ! Donc, j’annonce officiellement que mon personnage préféré est (roulement de tambour) MERWANN ! Merwann est un prince fée qui bégaie, est atteint d’une timidité maladive et d’une peur bleue d’à peu près... euh... tout ? Mais je sens beaucoup trop de potentiel au fond de ce personnage pour le laisser de côté, et j’attends avec impatience de le voir évoluer.

Je ne saurais trop vous recommander de vous pencher sur ce livre, et sur cette auteur... à suivre !!

Retrouvez-la sur le site de l'Attelage.