8 juin 2017

Chronique : Fangirl

Fangirl
Rainbow Rowell




Editions Castelmore
Traduction de Cédric Degottex
508 p


L’histoire :


Cath vient d’avoir 18 ans et son diplôme de fin de lycée : s’ouvre à elle le monde merveilleux de l’université ! Mais elle se retrouve projetée dans cet univers seule, puisque sa sœur jumelle Wren décide de prendre une autre colocataire. Pour la première fois, Cath doit affronter la vie en solo. Ne lui reste que sa passion pour Simon Snow, une série de romans bestsellers, dont elle est considérée par des millions de gens comme la plus grande fan. En effet, elle est l’auteur de la fanfiction la plus lue autour de l’histoire de son héros, fanfiction qui est considérée aussi légitime que le huitième tome, prévu à paraître au printemps.
Son défi : s’ouvrir à la vie et finir son récit !


Mon avis :

Beaucoup de choses à dire sur ce roman !


Et pour commencer, un petit aparté sur sa couverture : je l’adore. Le vert tendre, la police du titre, l’utilisation des lettres comme décor pour les personnages… Oui, c’est le genre de livre que je pourrais acheter pour son titre et sa couverture ! (Ce que j’ai un peu fait, sauf qu’on me l’a offert !)

C’est depuis Fangirl que Rainbow Rowell est devenue la coqueluche de la blogosphère, et pour une raison très simple : son récit nous parle. Certes, nous n’avons pas tous une sœur jumelle inséparable, une timidité maladive et des milliers de followers sur les réseaux sociaux, mais nous sommes tous (ou avons été) des fans passionnés. Que ce soit de chanteur, d’acteur, de livres, nous avons tous rêvé aux beaux yeux d’un être impossible à atteindre pendant des heures, nous avons tous fantasmés sur l’image que nous nous sommes construite d’un héros magnifique… Surtout que le public visé par Rowell fait encore partie de la génération Harry Potter, et est complètement immergée dans le système d’idolâtrerie des stars (je ne critique pas, loin de là, je constate) !
Autrement dit, devant une héroïne qui vit par et pour le héros de ses livres, on se retrouve ! Le personnage de Cath est pour cela extrêmement attachant. Son aspect ultra timide la rend en plus attendrissante et son manque de confiance en elle rappelle à tout lecteur son adolescence. On se laisse ainsi complètement embarquer dans son histoire.


Elle n’est pourtant pas le seul personnage auquel on s’attache. Rainbow Rowell nous introduit ici une galerie de figures singulières et originales qui sont toutes plus sympathiques les unes que les autres ! La coloc de Cath a été pour moi un vrai coup de cœur : des airs de grande gueule, un look extravagant, un sens de la répartie à toute épreuve et un cœur en or massif, que demander de plus ! On a aussi l’occasion de rencontrer le père des jumelles, un homme perdu depuis le départ de sa femme, mais doté d’une grande imagination, pour qui je me suis prise d’affection, pour ne rien vous cacher.
On ne peut pas passer à côté du personnage de Lévi, que j’ai littéralement adoré ! Ce grand gaillard complètement à côté de la plaque est tellement drôle ! Il m’a arraché un vrai fou rire à certains passages !
J’ai aussi particulièrement apprécié la prof de Cath (oui, elle est à l’université quand même, il y a des histoires de cours, d’examens…), Mme Piper. Rainbow Rowell la décrit vraiment comme ce que j’estime être une très bonne enseignante : passionnée par son travail, impliquant au maximum ses élèves, sévère mais juste, encourageante. Et puis, elle donne des cours d’écriture de fiction ! Le rêve !


C’est justement le point négatif de ces personnages, si ils sont insolites, ils sont accompagnés d’une bonne dose de cliché… L’étudiante fêtarde sans aucune limite, le faux jeton de première classe, la timide maladive qui refuse de se nourrir en public… Des stéréotypes un peu trop marqués à mon goût, mais qu’on pardonne relativement facilement. 

L’histoire en elle-même fait partie de ces scénarios où l’intrigue se construit de détails de la vie quotidienne : pas de crime à élucider ni de monde à sauver. Et c’est encore un point où on va se retrouver. Notre vie – enfin ma vie, la vôtre je ne sais pas – est constituée de petits détails du quotidien, d’épreuves à taille humaine (je ne passe pas mes matinées à combattre le mal mais à lutter contre la tentation de faire une grasse mat’). Eh bien celle de Cath aussi. On s’identifie encore plus à la jeune fille. Dans Fangirl, on partage ses interrogations du quotidien, sa vie d’étudiante, sa double vie de fan.
A force de me retrouver dans ces éléments, je me suis laissée complètement emportée dans le récit.

Et cela, malgré le style d’écriture. Honte à moi, je ne l’ai pas lu en anglais mais en français, et je ne sais pas si c’est le résultat de la traduction ou non mais le style de Rainbow Rowell dans Fangirl m’a beaucoup déçue. Il m’a même gênée au début, des phrases m’ont fait buter, des tournures m’ont interpelée et j’ai noté un certain nombre de maladresses. Ce qui est particulièrement dommage parce que l’histoire de Cath est entrecoupée de paragraphe censés être extraits soit des aventures de Simon Snow, soit de fanfictions écrites par Cath et sa sœur. Or, ces extraits, même s’ils sont courts, m’ont paru presque mieux écrits que l’ensemble du roman.
Je pense que Rowell a fait exprès de jouer sur un style plus familier pour souligner que le point de vue est celui d’une jeune fille à peine sortie de l’adolescence, mais elle a trop forcé le trait et sa plume paraît négligée. C’est un travers qu’on retrouve trop aujourd’hui dans la littérature destinée aux adolescents.

Mais comme je l’ai dit, on se laisse suffisamment emporter par l’histoire et les personnages pour dévorer les 500 pages en une nuit (du vécu ? comment ça ?) ! Rowell a réussi le pari d’offrir à toutes les ados un livre où l’héroïne leur ressemble vraiment, dans les détails les plus familiers de leur vie.

Quant à moi, j’ai tellement accroché à l’histoire de Cath que je me suis remise à lire des fanfictions ;)

Dernier petit mot : je trouve dommage que la fanfiction de Cath soit une romance gay.


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